La congrégation des Sœurs Trinitaires de Valence (France), née en 1660, a pour origine un groupe de tertiaires trinitaires de Saint Nizier en Forez (Lyon) qui prirent comme Règle de Vie la Règle des moniales trinitaires réformées d’Espagne, approuvée par Urbain VIII en 1634. Léon XIII approuva leurs propres constitutions en 1891.
La spiritualité trinitaire anime la congrégation depuis maintenant trois siècles. Hospitalière et enseignante dès sa fondation, avec une attention spéciale pour les pauvres, la congrégation s’est élargie peu à peu à la dimension missionnaire.
En effet, après la Révolution française, les Trinitaires de Valence vivent une étape d’épanouissement avec l’ouverture de nouvelles maisons pour le service des malades, des vieillards et des jeunes (collèges et écoles). Depuis 1928 elles collaborent avec les pères trinitaires dans les missions de Madagascar où elles comptent aujourd’hui douze communautés. En 1840 elles arrivent en Algérie pour fonder des hôpitaux, des écoles, des garderies et des orphelinats. En 1886, pour faire face aux lois de sécularisation en France, elles s’établissent en Angleterre et, à la fin du 19ème siècle, en Suisse, en Belgique et en Italie. En 1964 elles arrivent au Canada et, quelques années après, en Espagne et en Irlande.
Puis elles s’établissent au Gabon, en Corée du Sud, en Colombie et en Chine, aux Philippines, au Cameroun, au Congo et au Pérou.
La Congrégation compte actuellement quarante neuf maisons dédiées à l’enseignement, aux soins des malades et des personnes âgées, aux prisonniers et immigrés et à l’apostolat missionnaire.
Pour en savoir plus : Site des Soeurs Trinitaires
Par leur apostolat si nécessaire à cette époque, les disciples de St Jean de Matha suscitent partout, et à Marseille en particulier, l’enthousiasme et l’admiration.
Aussi, Marguerite de PONTEVES, de la famille des Seigneurs de Mazargues, les appelle-t-elle dans sa Seigneurie au commencement du 17ème siècle, en 1616.
Mais, rappelons-le, les trinitaires avaient entre autre pour mission de libérer les captifs des pirates barbaresques ; et pour les trinitaires, Mazargues est trop loin du Vieux Port, d’où partent les bateaux rédempteurs, ainsi que du quartier de l’Observance, près de « la Major » (la Cathédrale) où se trouve le « bureau de la rédemption des captifs ».
C’est pourquoi, 30 ans plus tard, ils quittent Mazargues pour se rapprocher de la mer, et s’établissent dans le quartier de la Palud, jadis marécageux, (d’où son nom : du latin palus, paludis : le marais).
Ils y bâtissent un couvent et une église, aujourd’hui paroisse de la Trinité, dans la rue de la Palud.
Dans la rue de la « Vieille Tour », à proximité de la « Vieille Charité », ce clocher inachevé émerge d’une cour parsemée des restes mutilés du couvent des trinitaires.
En sous-sol, se trouve la curieuse chapelle de « Notre Dame du bon remède », particulièrement chère à l’Ordre Trinitaire.
C’est près de là, rue Estelle n° 26 que, deux siècles plus tard, les Religieuses Trinitaires ouvrent en 1859 leur première maison d’éducation à Marseille.
La maison prospère si bien que l’ « exiguïté du local engage à établir un pensionnat dans la banlieue » et, en septembre 1862, les Trinitaires s’installent à Sainte Marguerite, « dans une belle, vaste et commode maison, ayant jardin, enclos, et dépendances des habitations de campagne » dont profitent leurs 24 premières pensionnaires.
En 1864, à Mazargues, les Religieuses Trinitaires achètent à Mgr l’Abbé Carbonnel, curé de la Paroisse, la maison qui actuellement fait l’angle de l’Ancien Chemin de Cassis et de la rue de la Gendarmerie.
Elles y assurent, après avoir passé contrat avec la Municipalité de Marseille, la direction et le fonctionnement de l’Ecole communale de Filles jusqu’en 1904 où les lois anticléricales les empêchèrent d’enseigner.
Cette école a été ré-ouverte en 1923, par des institutrices chrétiennes mais non congrégationnistes, dont Mademoiselle Baptistine… Cette école chrétienne a pris en juin 1999 le nom de « ‘Ecole St Jean Baptiste »…
En 1865, elles ouvrent une nouvelle maison d’éducation en plein centre de Marseille, à l’angle de la rue des Princes (actuellement rue Stanislas Torrents) et de la rue Sylvabelle n°55. On peut encore y voir au premier étage des croix trinitaires en relief : c’était la chapelle !
En 1871, Mme Veuve Magnan, par testament, lègue aux Trinitaires pour y établir une oeuvre d’éducation, sa « campagne » avec son mas provençal, l’ombre de ses deux gros micocouliers, son puits traditionnel et sa pinède. en 1877, la maison recevait ses 15 premières pensionnaires.
Ainsi, cinq maisons d’éducation Trinitaires fleurirent dans la grande Cité de la Bonne mère..
A la fin du 19ème siècle, et surtout à compter de 1903 où les religieux sont interdits de faire classe, les Trinitaires sont contraints de choisir entre l’exil ou la sécularisation, c’est à dire l’abandon du costume religieux.
A Marseille, la « Rue des Princes » choisit la première solution. Religieuses et élèves prennent la route de l’exil et s’établissent à Bordiguera en Italie, à proximité de la frontière.
Le 26 de la rue Estelle est acheté aux Soeurs Trinitaires lors de leur expulsion, par l’Abbé Fouques (le « St Vincent de Paul marseillais »), qui y installe l’oeuvre de la protection de la Jeune Fille.
Le pensionnat Ste Marguerite fermé fait place à un Carmel, remplacé aujourd’hui par une maison de retraite, « Association Accueil Regain » dont l’accès s’appelle toujours « Boulevard des Trinitaires ».
Un Comité paroissial, sous la conduite de M. le Curé Roubieu, assure la continuation de l’Ecole Libre de Filles avec des maîtresses laïques (« non religieuses ») payées par la Paroisse. Au 1er étage, une grande salle est transformée en « ouvroir » : une religieuse, Sr Ste Isabelle qui deviendra par la suite, et pour de longues années, Supérieure du Pensionnat de la Ste Trinité, apprend aux jeunes filles de Mazargues à coudre, à tailler, et à confectionner lingerie et vêtements.
Le Pensionnat, après sa fermeture officielle de maison d’enseignement, assure une garderie d’enfants, grâce au dévouement de Sr St Omer. Elle quitte son costume religieux et devient Mlle Marie. Ainsi, les deux autres sœurs restées avec elle pour « garder » la maison ne constituent pas une communauté religieuse, car, d’après la loi, il faut être au moins trois pour cela.
A deux reprises, Mlle Marie est convoquée au Tribunal pour justifier de son identité : est – elle religieuse ou non ? Mais à toutes les questions posées, elle se contente de répondre « je suis une femme de peine, je fais le ménage, je débarbouille les petits. ». La maison est sauvée et, 20 ans plus tard, en 1923, le « Pensionnat de la Sainte Trinité » rouvre ses portes avec une directrice et des professeurs laïques car la Loi est toujours en vigueur. Effectif : 15 élèves.
Les Religieuses Trinitaires en habits séculiers purent reprendre leurs activités enseignantes.
Après avoir visité durant de longues années les pauvres et les malades de Mazargues et appris à lire à des générations d’enfants, tâche pour laquelle elle avait un don particulier, Mlle Marie meurt en 1969, à l’âge de 102 ans, justifiant sans le savoir le jugement porté par Mme de Grignan dans une lettre du 5 février 1703 :
« Mazargues jouit d’une climat particulièrement sain. On n’y voit que des personnes qui meurent à 100 ans ; le bon air et les bonnes eaux y font régner non seulement la santé mais la bonne humeur. S’il y a un peuple qui arrive à l’idée du peuple heureux représenté dans Télémaque, c’est celui de Mazargues.»
En 1930, une aile est ajouté au bâtiment principal : grande salle de récréation (aujourd’hui le CDI du lycée), chapelle au 1er étage (la chapelle primitive se trouvait à gauche de l’entrée du pensionnat, soit la salle des professeurs et le parloir à ce jour), vaste dortoir au second, le nombre des internes étant passé à 30.
Jusqu’en 1939, le Pensionnat n’était séparé du cimetière de Mazargues que par la traverse de l’Olivier, de la largeur du trottoir qui le longe actuellement. La percée de l’avenue Lattre de Tassigny s’est effectuée par expropriation et la propriété des Sours Trinitaires a été amputée à ce moment là de la surface de la chaussée actuelle et le trottoir attenant, sur une longueur de 100 mètres.
En 1940, le Maréchal Pétain rend aux religieuses leurs droits d’enseigner dans les Ecoles Libres. Les soeurs retrouvent leur costume religieux. Le Pensionnat compte alors une centaine d’élèves et devient « Ecole secondaire ».
En novembre 1942, les allemands essaient à plusieurs reprises mais sans succès d’occuper le pensionnat.
Malgré la tourmente et les restrictions, l’Ecole a pu vivre et faire vivre ses pensionnaires (une centaine) grâce au dévouement de Sr Joanna, qui, à l’affût de toutes les occasions de ravitaillement, n’hésite pas à partir à pied jusqu’à Marseille et à revenir chargée de paquets ou traînant une petite carriole alourdie de kilos de sucre, et pâtes, ou de pommes de terre.
Depuis, histoire sans histoires pour notre Institution : l’Etablissement se développe régulièrement.
En 1962, signature du premier contrat avec l’Etat.
Les effectifs grossissent, notamment par la multiplication des appartements et résidences secondaires dans cette banlieue Sud de Marseille. En 1968, l’école signe un contrat simple avec l’Etat pour le secondaire. Il devient contrat d’association le 19 mars 1973.
L’Institution Sainte Trinité cesse de recevoir des internes en 1975, et devient mixte en 1986. Les Religieuses Trinitaires remettent alors la gestion de l’Etablissement à l’OGEC.
En 1979, à l’emplacement de la vigne, trois salles de laboratoire et une salle d' »E.M.T. » (technologie) sont construites.
En 1987, construction du Pavillon St Jean de Matha (actuellement restaurant et salle de Musique) : quatre classe et une salle polyvalente.
En 1990, construction d’une vaste salle d’Etude dans ce même pavillon.
En 1991, construction de trois classes primaires adossées au pavillon St Michel.
En 1995, construction du nouveau collège à l’emplacement du verger.
Pour cela, la Communauté des Sœurs Trinitaires vend une partie du terrain (aujourd’hui les deux copropriétés qui jouxtent l’Etablissement) ; 16 classes, un laboratoire, une salle d’informatique et de technologie, une salle d’Arts plastiques).
Face au collège, à la place de l’ancien bâtiment, démoli, est construite l’école maternelle, et le restaurant. Les deux dernières classes du pavillon St Jean de Matha forment la salle de musique.
En 1997, la cafétéria voit le jour.
Les Religieuses Trinitaires ont cessé d’enseigner en 1995. Mais la communauté est toujours très présente dans notre Etablissement. Une dizaine de sœurs vivent ici à l’année. Elles interviennent régulièrement auprès des enfants de notre établissement (garderie du soir, infirmerie, aumônerie, catéchèse…). Mais elles interviennent aussi beaucoup à l’extérieur de l’Institution.
De nos jours, il n’y a plus de captifs à libérer des pirates barbaresques. Mais il y a et y aura toujours à libérer les hommes :
L’idéal trinitaire, esprit de St Jean de Matha, inspire donc toujours, après 9 siècles d’existence, l’Ordre qu’il a fondé.